Résolution adoptée au Congrès de
Marseille des 14,15, 16 Novembre 2008
L'année 2008 a été celle du
65ème anniversaire de la création du Conseil National de la
Résistance, l'année 2009 sera celle des 65èmes anniversaires de la
publication du Programme du CNR et de la Libération de la France,
l'année 2010 celle du 65ème anniversaire de la Victoire sur le
nazisme et le fascisme japonais.
Soixante-cinq ans après ces
évènements majeurs pour l'histoire de la France et du Monde, force
est de constater que le monde contemporain est fort loin des
aspirations et des espérances des peuples, dont la lutte permit de
terrasser "la bête immonde" dont parle Brecht.
Ces aspirations et ces
espérances, c'étaient celle d'un monde en paix, celle d'une société
humaniste, démocratique et solidaire, dans laquelle l'intérêt
général primerait sur les intérêts particuliers, ce qu'exprima en
France le Programme du Conseil National de la Résistance.
Or, le monde contemporain
connaît les guerres, notre pays s'est à plusieurs reprises trouvé
impliqué dans plusieurs d'entre elles, notre société connaît le
racisme et la xénophobie, l'aggravation des discriminations et des
exclusions ; la solidarité a dramatiquement reculé, les intérêts
particuliers ont pris le pas sur l'intérêt général.
Le monde et notre société sont
en crise, une crise qui fin 2008 a pris sur le plan mondial une
tournure aigüe, une crise qui, de par la désespérance sociale
qu'elle suscite, s'est déjà traduite dans notre pays par des
tensions ayant gravement affecté de nombreuses villes.
C'est ce contexte qui a,
s'appuyant sur une méconnaissance de l'Histoire, suscité un regain
des idéologies que l'on pu croire définitivement vaincues en 1945,
un regain s'accompagnant d'une démarche de réhabilitation des
régimes qui s'en inspirèrent, en France de celle du régime
collaborateur de Vichy. Pire, les idées racistes, autoritaires,
antidémocratiques ont parfois diffusé dans des formes dangereuses
au-delà de l'extrême-droite classique, ce qu'illustrent
l'introduction de la génétique dans la politique de l'immigration ou
par exemple le fichage généralisé découlant de la mise en place de
fichiers du type Edwige, particulièrement menaçant pour la
démocratie.
Cela montre s'il en était
besoin la nécessité de transmettre la connaissance de qu'a été la
réalité monstrueuse du fascisme lorsqu'il a été au pouvoir du début
des années 20 à 1945, de ce à quoi ont mené durant cette période les
atteintes à la démocratie et les discriminations racistes, la misère
sociale conduisant nombre de ceux qui en furent victimes à prêter
une écoute attentive aux démagogues.
Cela montre aussi la nécessité
d'être vigilants à l'égard du négationnisme falsificateur, et de
toute tentative d'exonération du fascisme de ses crimes.
Cela montre surtout la
nécessité de transmettre la mémoire des combats de ceux qui
s'opposèrent au fascisme, souvent dès avant guerre, de ceux que
l'Histoire a appelé les Résistants, et qui contribuèrent puissamment
à l'abattre, de transmettre les valeurs qui les motivèrent et
qu'exprime le Programme du CNR, sont la mise en œuvre à la
Libération des mesures qu'il préconisait permit des avancées
démocratiques, économiques et sociales qui, malgré les remises en
cause qui intervinrent très tôt, restent encore aujourd'hui dans de
nombreux domaines des acquis à défendre.
C'est cette volonté de
transmettre cette mémoire qui a fondé notre opposition à tout idée
de "Journée unique du Souvenir" qui aurait pour conséquence
d'escamoter la spécificité antifasciste du combat que menèrent les
Résistants, les Français libres et les Alliés contre le fascisme,
qui fonde notre volonté de développer notre lutte pour obtenir au
plus tôt l'instauration d'une Journée Nationale de la Résistance, le
27 mai, moment privilégié de la transmission de la mémoire aux
jeunes générations.
2009 et 2010 seront des années
marquantes pour la mémoire, l'ANACR sera activement présente à ces
rendez-vous pour continuer le combat antifasciste qu'elle n'a cessé
de mener depuis 65 ans, pour garder vivantes les espérances de la
Libération.