Né
le 16 juin 1908 à Plonevez Porzay (Finistère) de Pierre
Guillou et de Marie Renée Cariou Epouse: Yvonne
Gras Profession: technicien des télécommunications Décédé
fin octobre 1943 à Dora
Réseaux:
S.S.M.F./T.R., S.R. Kléber (Poste P2) - Résistance P.T.T.
Source K
Pierre
Guillou, entré en 1930 comme ouvrier de main-d'oeuvre aux P.T.T., devenu
soudeur et affecté aux lignes à grande distance en 1938, a fait
partie de la Résistance P.T.T. dès le début des opérations de la
"Source K".
Une
attestation du colonel Dulac, chef du service de "La
France Combattante", dit qu'il "appartenait à la Direction
générale des études et recherches en qualité de chargé de
mission de 3e classe".
C'est
un des membres de l'équipe de l'ingénieur Robert Keller* qui,
durant la "drôle de guerre", était chargée de la réparation des
lignes téléphoniques. Dès le début de l'occupation , les
techniciens français, sous la direction de Robert Keller et sous
contrôle allemand, sont chargés de l'entretien de l'ensemble du
réseau téléphonique, à l'exception des territoires intégrés au
Reich. (Leur action est rapportée dans "Résistance P.T.T.")
La
confiance absolue que Pierre Guillou a en son chef lui fait
accepter immédiatement l'aventure périlleuse qui va permettre,
en 1942, pendant plusieurs mois, l'écoute et la transmission aux
Alliés des conversations téléphoniques des plus hautes
institutions allemandes et des hauts dignitaires nazis, de
Hitler lui-même.
L'action
envisagée à l'instigation du S.R. Kléber Poste P2 ( capitaine
Simoneau) consiste à établir sur les grands axes téléphoniques
des dérivations permettant l'écoute, le tout sous le regard des
Allemands.
La
première est établie sur le câble Paris-Metz. Il faut trouver
sur le trajet une maison libre pour placer les installations
nécessaires à l'écoute, faire fabriquer et transporter
clandestinement le matériel et intervenir sur les câbles sous le
contrôle des Allemands: trouver un prétexte pour
intervenir sur une ligne, ouvrir les fouilles, travailler sur
les fils, de nuit pour mieux déjouer la surveillance.
C'est
ainsi qu'est trouvée la maison de Noisy-le-Grand sur le câble
Paris-Metz.
Pierre Guillou,
technicien de ligne, se trouve sur les premières fouilles avec
son camarade Laurent Matheron* et Robert Keller la nuit du 15
avril 1942. Ils opèrent sous une tente d'intempérie, à la
chandelle. Travail long et minutieux à effectuer dans l'urgence,
accroupi ou à genoux et sous le poids d'un danger extrême. Le
travail commencé à 21 h est terminé à 4 h 40 du matin: 70 grands
circuits dérivés entre Paris et Berlin, parmi lesquels ceux de
la Kriegsmarine, de la Luftwaffe, de la Wehrmacht et de la
Gestapo.
La
seconde opération a lieu dans les mêmes conditions le 16
décembre 1942, à Livry-Gargan, sur le câble
Paris-Strasbourg-Berlin, Guillou et Matheron travaillant cette fois sur 484 fils.
Arrêté
le 17 janvier 1943, Pierre Guillou est déporté à Dora où il
meurt fin octobre 1943 d'après le dossier administratif du
Bureau Résistance (le 2 janvier 1944 d'après Raymond
Ruffin ). Il recevra la Médaille de la Résistance.
*
Lieu de
mémoire:
le centre d'amplification de Rennes s'appelle "Centre Pierre
Guillou"
Références: Archives du Bureau "Résistance"; "Résistance
P.T.T." de Raymond Ruffin, p. 51, 78 ( Ed. des Presses de la
Cité, 1967); "Les Services de Renseignements 1871-1944" de
Henri Navarre, p.155 (Ed. Plon, 1978); "Chronique de la
Résistance" de Alain Guérin (Ed. Omnibus, 2000); Bulletin
de l'A.A.S.S.D.N. n°13, p.4