Les formidables paroles d’insurrection et d’espérance du résistant Stéphane Hessel (Article de Charles Sivestre) Indignez-vous ! de Stéphane Hessel. Indigène Éditions, 2010, 3 euros. |
Ayant épuisé les grandes routes de l’histoire, les meilleures comme les pires, l’ambassadeur Stéphane Hessel n’y va pas par quatre chemins ; de cette exhortation «Indignez-vous», il a fait le titre d’un formidable petit livre en forme de message d’espoir : douze pages denses, écrites d’un seul souffle, impitoyables pour le pouvoir de l’argent, merveilleusement détachées de tout intérêt personnel. Puisqu’il est tant question de la vieillesse, aujourd’hui, à propos des retraites, écoutons ce sage du grand âge. Tout est dit dès les premières lignes : «93 ans. C’est un peu la toute dernière étape. La fin n’est plus bien loin. Quelle chance de pouvoir en profiter pour rappeler ce qui a servi de socle à mon engagement politique : les années de résistance et le programme élaboré il y a soixante-sis ans par le Conseil national de la Résistance.»On connaît la source de l’indignation de Stéphane Hessel, Greco dans la France libre : la lutte à mort avec le nazisme, la pendaison qu’il a frôlée dans le camp de Buchenwald, le combat sans relâche contre le reniement du programme de la Résistance. |
Mais son Indignez-vous !, plus qu’une remémoration, bien mieux qu’un ressassement, est un cri d’aujourd’hui, un cri contre les démolisseurs à l’œuvre sous nos yeux. Nicolas Sarkozy n’est même pas nommé, Hessel est au-dessus, il dénonce l’entreprise qui n’est pas celle d’un seul homme, qui s’acharne à ruiner la Sécurité sociale, les retraites, la presse indépendante, la démocratie. Il s’épouvante à la vue de ce qui se passe en Palestine, la négation par le pouvoir israélien des droits de l’homme qui ont été le combat de toute sa vie. La force du résistant est dans son inébranlable confiance. |
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À l’exaspération, il préfère l’espérance. Il invite à l’insurrection «pacifique». Il mise sur les réseaux. Et, au-delà, sur la capacité des citoyens à se retrouver pour bâtir une société digne des idéaux de la Libération. Aux jeunes générations, il dit: «Prenez le relais, indignez-vous !»Il n’est pas seul. En 2004, pour les soixante ans du programme du CNR, ils étaient treize à signer le manifeste des résistants: «Créer c’est résister, résister c’est créer.» Ils sont moins nombreux aujourd’hui.
Article de Charles Silvestre |